Avis de Sécurité julliet 2022
Je suis nouveau ici
Par Jerry Mason, nouveau membre du comité de sécurité de l’ACVL
Lorsque j’étais un adolescent avec des taches de rousseur et que je travaillais sur le McDonnel Douglas F-4 Phantom de la Royal Air Force (RAF), la sécurité aérienne ne me concernait pas. C’est du moins ce que je me disais. Après tout, je ne volais pas, je restais au sol; en quoi la sécurité aérienne devait-elle me toucher? En raison de cette attitude, la RAF investissait quelques centaines de dollars pour créer des vidéos dramatiques (à cette époque) pour tenter de nous faire penser autrement. Les présentations mettaient surtout l’accent sur la chaîne d’événements qui menaient habituellement à un accident ou un incident et sur le fait que, si une partie de cette chaîne avait été éliminée, l’accident ou l’incident ne se serait pas produit. Cela demeure vrai aujourd’hui. Nous nous mettons de la pression liée aux contraintes de temps ou à nos amis ou collègues pilotes, et nous nous retrouvons dans des scénarios similaires où une chaîne d’événements se crée et nous mène vers un accident ou un incident. Il y a plus de gens parmi nous qui se sont retrouvés dans une telle situation que ce qu’on pourrait croire. C’est mon cas.
J’aimerais aborder ce sujet précis (la sécurité aérienne) et la manière dont vous pouvez contribuer à créer un environnement de vol plus sûr. Oui, VOUS!
Que vous fassiez partie des pionniers qui ont risqué leur vie et leurs membres, déterminés à voler pendant les premières années de notre sport, ou que vous soyez un élève qui vient de franchir le pas de la porte de l’école de votre localité, la sécurité aérienne est VOTRE affaire et est vraiment l’affaire de tous!
C’est une bien belle idée, mais qu’est-ce que la sécurité aérienne? La sécurité aérienne est l’étude et la pratique consistant à gérer les risques en aviation. La responsabilité VOUS revient. Il n’incombe pas seulement à votre organisme ou au comité de sécurité, mais aussi à vous de tout faire pour atténuer et contrôler les risques liés à notre sport pour qu’ils soient à un niveau acceptable, et il existe de nombreux moyens de le faire.
La technologie, la modélisation par ordinateur et les matériaux qui sont présents dans notre sport de nos jours sont à la fine pointe de la technologie, et les cas de défaillance structurelle ou des matériaux et les problèmes de performances anormales dans l’enveloppe de vol testée sont à peu près inexistants. Qu’est-ce que cela signifie? Les statistiques à elles seules montrent que 75 % des accidents et incidents en aviation sont attribuables aux facteurs humains. En d’autres termes : vous!
L’aviation générale met des efforts constants pour faire diminuer ces statistiques, en analysant les incidents et les accidents, ce qui se traduit par des recommandations liées aux procédures, à l’entretien, à la formation et à la modification des avions, dans le but d’éviter qu’un accident ou incident similaire se reproduise. Logique, non?
Bien que notre sport ne soit pas réglementé par Transports Canada. Il serait logique de tenter de respecter ce à quoi Transports Canada s’attendrait de nous, comme si nous étions régis par ce ministère. Il se passe beaucoup de choses à l’extérieur de la petite bulle à l’intérieur de laquelle on vole, et on ne peut pas les ignorer. Il ne s’agit pas que de vous, votre aile et le thermique que vous exploitez; il y a d’autre trafic et des espaces aériens à respecter. Nous partageons le ciel avec des entreprises comme Air Canada et l’aviation générale. Il est donc dans notre intérêt, pour tous les pilotes, d’atténuer les risques qu’un accident se produise dans notre sport.
En fait, dans tous les secteurs de l’aviation régis par Transports Canada, si vous êtes impliqués dans un accident, vous devez le signaler. Ce n’est pas une option! Pouvez-vous imaginer à quoi ressemblerait l’aviation générale aujourd’hui si les accidents et incidents n’étaient jamais signalés et si aucune recommandation n’en découlait? Fermer les yeux sur l’information les techniques qui manquent à la formation des pilotes, les erreurs de manœuvre des pilotes lors des phrases critiques du vol, les problèmes d’intégrité structurelle de avions qui ne font pas l’objet de mesures correctives pour l’ensemble de la flotte, le vol dans un espace aérien hostile, la liste est longue. Cependant, l’industrie pose des gestes à la suite de tous les accidents et incidents signalés, ce qui n’a eu que des effets positifs et a amélioré la sécurité aérienne. Réfléchissez à quel point votre prochain vol à bord d’un avion commercial pourrait être risqué si les éléments ci-dessus n’avaient pas été signalés ou corrigés. Si tous les accidents qui se sont produits au fil du temps avaient été ignorés sans qu’on en tire des leçons, voyageriez-vous toujours en avion? Pensez-y un instant.
On fait confiance à l’industrie pour qu’elle apprenne de ses erreurs et rende le futur de l’aviation plus sûr. Je trouve ça réconfortant! Je ne voudrais certainement pas être à bord d’un 737 MAX de Boeing à me demander pendant tout le vol si le système MCAS va forcer l’avion en piqué. J’ai confiance en Boeing et en l’industrie pour qu’elles tirent des leçons de leurs erreurs et prennent les mesures qui s’imposent. Ça va de soi, non?
Nous sommes dans la même situation. De fait, nous devons aux autres pilotes de notre sport de contribuer positivement à leur prochain vol en signalant les incidents et accidents, non pas pour jeter un blâme, mais pour améliorer la sécurité de notre sport par l’éducation et la vigilance et ainsi éviter de dissimuler la poussière sous le tapis et revivre les mêmes accidents et incidents à répétition. Malheureusement, c’est souvent ce qui se produit.
Le comité de sécurité a comme directive d’améliorer la sécurité aérienne au sein de notre sport. Sans un portrait des accidents ou incidents (et ils sont nombreux), le comité de sécurité ne pourra pas accomplir son mandat, si ce n’est qu’à une moindre échelle compte tenu du petit nombre de rapports que nous recevons. Le nombre d’accidents et d’incidents non signalés est plus élevé que le nombre d’événements signalés. C’est un triste constant pour notre sport qui démontre un manque de responsabilité et de préoccupation. Le comité travaille pour VOUS, pour rendre le vol plus sûr. Bon nombre de ces accidents et incidents auraient facilement pu être évités, plutôt que de se reproduire. Évitez de faire partie des statistiques inutilement; aidez les autres pilotes à accroître la sécurité en faisant preuve de responsabilité et en signalant les accidents et incidents. N’oubliez pas que vous n’êtes pas tenu d’être impliqué dans un accident ou un incident pour rédiger un rapport.
Que vous fassiez partie de ce sport depuis sa création ou que vous en soyez à votre première journée de formation au sol, si vous êtes témoin d’un événement dont vos collègues pourraient tirer profit, déposez un rapport. En fin de compte, vous pouvez réellement sauver la vie de quelqu’un.
Voici le lien pour remplir un formulaire d’accident ou d’incident : https://www.hpac.ca/safety/accident-and-incident-reporting-air/